Rapport Martre – 1994

Il y a 30 ans émergeait la discipline « Intelligence Economique » en France, à la suite de l’édition du rapport Martre. Sous l’impulsion de la Première ministre Edith Cresson, Henri Martre fut choisi pour présider un groupe de travail sur l’intelligence économique (IE). Il était assisté de Christian Harbulot, conseiller spécial, et de Philippe Clerc, rapporteur général. Acteurs de l’ombre du rapport Martre, Robert Guillaumot  et le général Jean Pichot-Duclos ont soutenu l’écriture de ce rapport, et largement contribué au lancement de l’IE en France.

Ce rapport a mis l’accent sur les besoins en informations des acteurs économiques français pour analyser, prévoir, organiser, initier des stratégies à des fins de décision, dans un monde globalisé. Le rapport Martre a souligné aussi le retard de la France dans le management de l’information par rapport aux pays industriels les plus conquérants en termes de marchés. 

Rapport Carayon – 2004

La fin du XXe siècle a confirmé les analyses du rapport avec l’émergence de l’ère de l’information et le déploiement d’internet. En 2003, le député Bernard Carayon, sous l’impulsion du Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, édite le deuxième rapport sur l’IE : « Intelligence économique, compétitivité et cohésion sociale ». Ce dernier souligne le besoin de déployer une stratégie étatique dans une société mondialisée. L’Etat crée alors une structure au sein du SGDN avec, à sa tête, Alain Juillet pour mettre en œuvre cette politique publique d’IE. Elle connaît certaines mutations. Puis l’IE s’oriente vers une démarche uniquement défensive axée sur la sécurité économique. Cette dernière est pilotée par le SISSE, Service de l’Information stratégique et de la Sécurité Economique, à Bercy, sous l’égide de la DGE, avec des missions fondées sur la protection des intérêts économiques de la France. 

Proposition de loi – 2023

En parallèle, le « marché » de l’IE s’est développé autour d’acteurs privés dans le conseil, la formation et la recherche, les réseaux et l’identification d’experts, au sein des cellules d’IE des entreprises. De nouvelles disciplines viennent désormais enrichir l’intelligence économique comme l’OSINT, la gouvernance Cyber, la guerre de la connaissance, l’appropriation des données, ou encore l’essor des stratégies d’influence qui donnent une nouvelle dimension à la matière. 

Le contexte géopolitique, la prise en compte des rapports de force en termes de guerre économique, la désindustrialisation de la France, les retombées de la guerre en Ukraine relancent le débat sur le rôle de l’intelligence économique dans notre pays. Il y a quelques mois, les sénateurs Marie-Noëlle Lienemann et Jean-Baptiste Lemoyne proposaient une nouvelle feuille de route sur l’IE qui donna lieu, en juillet 2023, à la publication d’un rapport parlementaire. 

Le 21 septembre 2023, une proposition de loi sur l’intelligence économique a été enregistrée au Sénat. 

Dans ce contexte, il devient essentiel de revenir sur les fondamentaux de l’IE mais surtout d’investir le devenir de la discipline, les nouveaux acteurs et la mise à jour des doctrines. 

Proposition de loi des sénateurs Lienemann et Lemoyne, 2023